Lionel (Léo) Allard
Pour vous parler d'une autre génération, il faut vous parler de
la nôtre; celle des petits-enfants de Marie-0ctavie et de Joseph.
Puisqu'il s'agit d'un travail de recherche appelé généalogie en ligne directe,
je dois vous parler de moi; fils de Gilberte et Henri. Je me présente: Léo, baptisé
sous le nom de Lionel le 30 octobre 1949. J'ai vu le jour moi aussi à St-Gabriel.
En écrivant le nom de cette paroisse, j'ai l'impression de l'avoir écrite des
centaines de fois; laissez-moi vous en parler quelque peu: pour ceux qui l'ont
connu, ce sera un petit retour en arrière et pour ceux qui n'ont pas eu la chance
de la connaître avant qu'elle meure, je vous la présente. Je dis bien avant qu'elle
meure parce qu'elle est bien morte cette colonie, elle ne fait plus partie de
ce monde, sauf dans nos souvenirs.
Saint-Gabriel, une paroisse ou un souvenir, où il ne reste rien de plus qu'une
croix pour identifier l'endroit où se trouvait l'église du village et quelques
croix perdues, sur le point de tomber dans ce qui reste du cimetière caché sous
l'herbe longue au milieu de nulle part.
La fondation de Saint-Gabriel
Val-d'Espoir n'était donc plus suffisant, de même que le rang de Grande-Rivière,
Sainte-Thérèse et Cap d'Espoir. Il fallait songer à étendre et subdiviser certaines
paroisses.
Monsieur le Curé Donat Sévigny de Cap d'Espoir qui eut l'idée d'ouvrir une nouvelle
colonie. Il nomma l'Abbé Zénon Desrosiers, missionnaire-colonisateur, et c'est
sous sa gouverne que l'appréciation du plan Vautrin eu lieu et que les terres
à l'arrière de l'ancienne Seigneurie de Grande-Rivière de Charles Robin deviennent
les jalons de la paroisse de Saint-Gabriel.
Les premiers groupes de colons commencent à arriver en 1935: les Gérard Boulay,
Philémon Bourget, Alexandre Bourget, Napoléon Moreau, François Degarie, James
Larue, John Langlais, Henri Senéchal, Joseph Allard et bien d'autres.
Toutes ces familles s'établissent dans des maisons fort semblables, construites
par le ministère de la colonisation. Il reste beaucoup à faire, abattre les arbres,
défricher, labourer et préparer la terre pour la culture.
La première messe fut célébrée par l'Abbé Paul Gendron sur le lot no 6 dans la
maison de Joseph Allard, plus tard occupée par son fils Henri.
C'est en 1938 que se fait véritablement l'ouverture de la colonie sous la poussée
du curé Paul Gendron, et peu après s'est amorcée la construction de l'église par
les colons du village en plus de leur travail: construire leurs bâtiments, défricher
la terre et préparer du bois pour l'hiver qui approche.
Il faut aussi participer à la construction de l'église du village; tous y ont
mis la main et la structure a poussé à la vitesse d'un champignon. Le charpente
qui prenait forme s'est soudain effondrée comme un château de cartes. Ce fut le
désespoir pour les colons. Ce fut le chaos, la confusion générale, un désordre
de planches entassées devant ces hommes désespérés qui restèrent bouche-bée, certains
n'ont pas retenu leurs larmes devant ce désastre.
Il faut tout recommencer: d'abord enlever toutes ces planches pour reconstruire.
Toutes les familles ont participé aux travaux. Il fallait reprendre le temps perdu.
Ce sont les enfants du village qui ont arraché et redressé les clous tandis que
leurs parents recommençaient la construction.
Cette fois-ci, des responsables furent nommés, des personnes qui avaient plus
d'expérience supervisaient les travaux et ainsi, le temps perdu fut rattrapé et
l'église fut finalement terminée vers 1940.
C'est en octobre 1939 que l'on ouvre les registres et que les habitants accueillent
avec honneur leur premier curé, l'Abbé Georges Rioux Jr.; il sera le pasteur de
tous ces braves fidèles durant 12 ans, de 1939 à 1951.
Le presbytère se construit la même année et on inaugure le cimetière en septembre
de 1940. Un mois plus tard, a lieu la bénédiction des cloches, en 1942 les premiers
marguilliers sont nommés. Il s'agit de messieurs William Dunn, Joseph Moreau,
Elzéar Couture, Charles Pinel, Elzéar Lambert, Jos Bourget, Henri Senéchal, Charles
Parent et Odilon Couture.
Les curés qui se succéderont par la suite sont: en août 1951, M. l'abbé Marcel
Trudeau, deuxième curé; en juillet 1954, M. l'abbé René Tremblay, troisième curé;
en décembre 1956, M. l'abbé Raymond Ahier, quatrième curé.
En mai 1957 la paroisse devient temporairement desservie par un prêtre de Grande-Rivière
sous la juridiction de Mgr. R. Brière. En septembre 1957 M. l'abbé Adrien Dionne
et finalement, un dernier curé, le 9 septembre 1961 en la personne de M. l'abbé
Gérard Fortin.
L'école est construite en 1944 et la salle paroissiale en 1946. Le magasin général
est tenu par Paul-Eugène Gosselin et d'autres commerces par René Couture et Jean-Guy
Audet. Un commerce de bois est fructueux sous la direction de M. Israël Leblanc.
Les enseignants qui ont fait tout leur possible pour instruire les jeunes du village
sont pour n'en nommer que quelques-uns: Emérentienne Lelièvre, Georgette Lambert,
Marcel Senéchal, Oliva Larivière, Claudette Hautcoeur, Mariette Nicolas, Ginette
Lefebvre et Fernande Allard.
La poste rurale est assurée par le petit bureau de poste de M. Osidas Rioux. Ce
n'est qu'à partir de 1961 que les chemins étaient entretenus l'hiver entre Saint-Gabriel
et Grande-Rivière. La circulation motorisée était fermée entre le début de décembre
jusqu'à l'ouverture par le ministère de la voirie au mois de mai.
Le transport scolaire était assuré par un "snowmobile B12" conduit par M. Roland
Degarie. Il assurait également le ravitaillement et le transport des voyageurs
durant les longs mois d'hiver.
Souvenirs de mon village
Je conserve un très bon souvenir des soirées à glisser dans la côte à Jamie en
compagnie de mes frères et sœurs et des filles d'oncle Hector, sans oublier Marc-Orel
Duguay. Ces soirées qui étaient interrompues par l'appel de maman qui sortait
sur le coin du perron et qui nous lançait: "Les p'tits gars, le chapelet." C'était
le chapelet en famille à la radio; agenouillés les uns contre les autres, surveillés
du coin de l'œil par grand-mère qui voyait tout, même les yeux fermés. Aussitôt
fini, nous nous précipitions rejoindre Marc-Orel qui nous attendait dans le tambour.
Et quoi dire de Noël: l'arbre, les décorations et l'odeur de cipaille. La messe
de minuit en traîneau. Sans parler du réveillon et des longues nuits à attendre
le Père Noël au haut de l'escalier sans jamais le voir. Les matins de Noël, les
cadeaux, quels merveilleux moments à odeur d'orange!
Je me souviens des pique-niques de la fin de l'année scolaire près de la rivière.
Quelle fierté nous avions des paniers que nous avait fabriqué maman, sans parler
de leur contenu, nous avions même droit à des sandwichs fait avec du pain du magasin
et une bouteille d'orange Crush.
Et le raccourci de la côte du moulin où j'ai passé des après-midi à jouer dans
le vieux moulin au lieu d'être à l'école et combien de fois j'ai dû y retourner
pour aller chercher mon sac d'école que j'avais oublié.
Et les parties de pêche avec mes frères et Marc-Orel à la rivière à Frank ou à
la chute à Jamie Larue. Je me revois encore avec mon frère Claude à tenter d'attraper
un saumon dans la grande rivière, là où la pêche n'est pas permise mais combien
plaisante.
Et les petits chemins dans la coulée, et la cabane que nous avons construite dans
un endroit secret. Le radeau qui refusait de flotter et les randonnées dangereuses
sur le dos du bœuf du curé Dionne, et combien d'autres...
Et plus tard, les soirées de danse à la salle Sainte-Thérèse. Les filles du village
qui devenaient de plus en plus belles. Les premiers baisers dans le raccourci
de la côte du moulin et combien d'autres souvenirs ou moments heureux.
Le feu de 1960…
Le 22 juin, c'est la fin tant attendue de l'école, le début des vacances. C'est
aussi les funérailles de M. Amos père. Dans l'après-midi, j'ai servi la messe
avec Jean-Guy Larivière et Gaston Cyr.
A notre sortie de l'église il y avait déjà beaucoup de fumée qui s'élevait au
loin. Je me souviens du regard du curé Fortin qui levait les yeux de son missel
et jetait un regard au loin et il accélérait ses prières. Il avait compris que
les paroissiens feraient face à un problème.
Après la cérémonie au cimetière, c'est au pas de course que nous accompagnions
M. Fortin à l'église pour y déposer la croix et le bénitier qui s'était vidé dans
notre course. En retournant à la maison, un vent nous imprégnait d'une odeur de
fumée et le soleil devenait rouge pour ensuite disparaître derrière le panache
de fumée.
Le temps devenait couvert et sombre, un vent de panique nous emportait, les gens
courraient pour fermer les portes des bâtiments après avoir libéré les animaux
qui semblaient inquiets eux aussi. Certains préparaient des contenants d'eau,
prêts pour toute éventualité, d'autres installaient des statuettes ou des images
saintes sur le rebord des fenêtres extérieures afin de les protéger.
A mon arrivée à la maison, maman était calme, sans doute pour ne pas nous énerver
d'avantage. Il y avait ici et là sur le plancher des couvertures attachées aux
quatre coins et remplies de bagage prêtes à sortir en vitesse.
Quelques instants plus tard, nous nous entassions dans la boite de camionnette
d'oncle Fernand avec pour seuls bagages quelques vêtements qui avaient été jetés
en vitesse dans des taies d'oreiller en guise de valise ou plutôt de baluchon.
C'était la course contre la montre. Partir avant que le feu nous empêche de le
faire, il fallait tout faire et faire vite. Il en était de même pour toutes les
familles, rares sont ceux qui avaient une voiture pour quitter la paroisse. Ceux
qui en avaient une, circulaient à toute vitesse pour transporter hors du village
le plus de familles possible. Lors de notre départ, un camion qui circulait à
toute vitesse se dirigeait directement sur nous et comme par miracle il a réussi
à nous éviter au dernier instant. Tous ont retenu leur souffle en s'agrippant
tant bien que mal les uns aux autres.
Nous quittions notre maison sans savoir si nous allions la revoir un jour. C'était
le silence, tous jetaient un dernier regard en arrière sans rien dire mais tous
avaient la même pensée. Des regards se croisaient, personne ne disait rien et
il y avait cette fumée qui commençait à nous brûler les yeux.
La route fut longue. Il y avait des endroits où la fumée était tellement dense
que nous avons dû nous coucher sur le plancher de la camionnette et nous couvrir
la figure avec nos baluchons.
Un peu plus tard, nous voilà en lieu sûr, à Sainte-Thérèse, la famille fût divisée;
quelques-uns chez tante Émilia et les autres chez tante Élise et oncle Paul. Ces
derniers hébergeaient aussi la famille d'oncle Fernand. Pour nous, les enfants,
ce fût un plaisir de vivre une semaine avec nos cousins et cousines sur le bord
de la mer. Après tout, c'était le début des vacances!
Papa ne quitte pas le village et aidé de mon frère Gilbert, ils ont sorti de la
maison les baluchons que maman avait préparé, quelques meubles, la télévision
et autres qu'ils ont transporté à l'extérieur de la maison où l'herbe est courte
et où le feu ne peut pas courir ou s'étendre, le tout bien recouvert d'une toile.
Avec l'aide des autres paroissiens, ils ont protégé les maisons et l'église du
village.
Retour à la maison…
Après le feu, notre retour à la maison: ce fût désespérant de voir toute cette
verdure qui était partie en fumée et le vide de quelques maisons en moins. Nous
pouvions voir à des milles dans la forêt où brûlaient encore quelques foyers.
Ce qui était une paroisse prospère n'était plus qu'un champs de ruine fumante.
Notre maison et nos bâtiments ont été épargnés par le feu. Mais, à cause de la
fumée et des cendres il fallut tout nettoyer.
Mes frères et moi prenions plaisir à découvrir une nouvelle forêt ou des nouveaux
paysages que nous n'avions jamais découvert dans le passé de peur de nous perdre.
Nous pouvions maintenant nous aventurer encore plus loin, dans la forêt nous pouvions
voir à des milles.
C'est petit à petit que les villageois se sont relevés de cette catastrophe. Ils
ont repris le collier et ont travaillé encore plus fort pour que leur village
reprenne vie et couleurs. Des travaux d'agrandissement de l'école du village ont
commencé en 1961.
Je me souviens que les travaux n'étaient pas terminés pour la rentrée de septembre
et que notre professeur M. Oliva Larivière nous a enseigné quelques mois dans
la sacristie de l'église et nous avons regagné notre nouvelle classe en décembre.
Le village commençait à reverdir, des programmes de plantation et de nouveaux
territoires de coupe de bois commencèrent à redonner vie au villageois. Le feu
de forêt qui avait détruit notre principal ressource naturelle commençait à être
oublié. Quatre ans plus tard, un deuxième feu de forêt...
J'avais quinze ans, je travaillais avec mon père et mon oncle Fernand à couper
du bois de pulpe. On se trouvait à des milles de la maison lorsqu'un nouveau feu
de forêt se déclara à mi-chemin entre nous et le village.
Quelques heures plus tard, lorsque mon père décide de rentrer à la maison, il
était déjà trop tard, le feu et la fumée nous empêchaient de passer. D'autres
travailleurs forestiers avaient tenté de se rendre au village et avaient rebroussé
chemin. Des arbres en feu sont tombé sur la route, nous disent-ils, et il est
impossible de passer.
Nous sommes demeuré près de la rivière pour échapper au feu. Je voyais dans le
regard de mon père et de mon oncle, l'inquiétude pour la famille. Le feu poussé
par le vent, se dirigeait en direction du village.
Ce n'est qu'à la toute fin de la journée que nous avons réussi à passer sous la
fumée en repoussant les arbres encore en braise. A notre arrivée, une épaisse
fumée envahissait toute la maison et les bâtiments. Il n'y avait personne, la
maison était vide, la famille avait été évacuée par un ami de mon père, Roland
Dégarie.
Ils ont été transportés en lieu sûr à Sainte-Thérèse chez tante Élise, nous apprenait
une petite note laissée sur la table. Je demeurai à la maison pour éteindre les
débuts d'incendie. Je me souviens d'avoir passé la nuit inquiet à regarder le
feu diminuant d'intensité durant la nuit.
J'étais trop jeune pour être employé à combattre le feu. J'ai modifié ma date
de naissance pour obtenir ce travail; rien n'a été plus facile car c'était mon
ex-professeur qui embauchait et il m'inscrivit au poste de pompiste. Mon travail
consistait à remplir à l'aide d'une pompe les camions-citerne qui venaient s'approvisionner
près de la rivière.
Le souvenir le plus triste qu'il me revient en tête c'est de rentrer seul le soir
à la maison. Pour la première fois, je retrouvais la maison vide, sans bruit,
sans odeur, sans vie. Mon père ne revenait que plus tard dans la soirée, c'est
peut-être de là que vient ma peur de la solitude.
Quelques temps plus tard, le calme était disparu faisant place aux bruits et à
l'odeur d'une soupe qui mijote. La vie avait repris sa forme habituelle, la famille
était revenue à la maison.
La guillotine venait de tomber…
Cette fois-ci, il n'y avait plus d'espoir de relancer l'économie de la paroisse.
Cet incendie était de trop, le travail que les villageois avaient déployé pour
le relancement était parti en fumée.
Les villageois ont compris que la guillotine venait de tomber sur Saint-Gabriel
et c'est petit-à-petit qu'ils ont commencé à quitter leur village. En 1964, ce
fût le tour de mon père de partir pour rejoindre mon frère Gilbert qui lui avait
trouvé un travail à Sorel. A la fin de l'été, la famille le rejoint et s'installe
dans le petit village de Saint-Ours.
Parti sans lui dire adieu…
J'ai quitté quelque peu avant ma famille pour me rendre à Saint-Hilaire chez ma
tante Yvette pour la cueillette des pommes.
J'avais quitté Saint-Gabriel sans lui dire adieu, sans me retourner, sans même
savoir que je ne le reverrais plus. Ce n'est que quelques années plus tard que
je compris que mes premiers souvenirs remontaient à cette époque, que mes plus
chers souvenirs venaient de là.
Et ce n'est que plus tard que le mal du pays m'y ramena, dans ce village où il
ne reste plus rien, rien d'autres que des souvenirs, rien pour m'orienter, c'est
comme un désert froid.
J'ai l'impression d'avoir raté un bout de ma vie, d'avoir manqué le dernier acte.
Je ne reconnais plus rien sauf le vieux tremble près du jardin où j'ai jadis gravé
mes initiales et les quelques fleurs qui ont réussi à survivre sans nous dans
le jardin de ma grand-mère.
J'imagine que la maison était içi ou peut-être là. Plus tard je suis encore là
avec ma femme et mes enfants à leur faire visiter mon village. Pour eux, ce n'est
qu'une forêt comme les autres. J'y retourne souvent, presque à chaque année avec
ma femme. Elle a compris que pour moi ce n'est pas seulement une balade en forêt.
Je m'y arrête toujours pour dire bonjour à ces souvenirs lointains.
1965 - une nouvelle vie…
La famille est établie à Saint-Ours, c'est une autre vie où les parents travaillent
à l'usine. Les enfants prennent l'autobus pour se rendre à l'école. Il y a les
nouveaux amis et bien de nouvelles choses à connaître.
A la fin de l'année scolaire, je vais travailler à Montréal. Je m'intègre bien
à la vie de citadin et même que j'aime cette vie où j'apprends à connaître la
ville.
Je m'y installe pour y rester, septembre arrive et je dois retourner à Saint-Ours
pour reprendre mes activités scolaires. Mais, il est trop tard, je suis déjà installé,
je travaille et j'ai de nouveaux amis. Je choisis de rester, ce que mes parents
n'ont pas apprécié, mais finalement accepté.
Je travaille le jour et vais à l'école le soir. Je passe les fins de semaine à
visiter cette ville où il y a toujours plus à découvrir.
Une belle époque…
On est en 1966 et Montréal se prépare pour l'Expo de 1967. Il y a un choix de
travail pour qui veut travailler. Mon frère Maurice est venu me rejoindre; nous
avons habité ensemble chez tante Emilia. Nous travaillons tous les deux à la même
usine. A cette époque il y avait un manque de main d'œuvre due à la préparation
de l'Expo.
A cette époque nous retrouvions les amis de Saint-Gabriel comme Jean-Guy et Claudette
Larivière, Gaston Cyr, les Roussy, Marc Lambert, Laurette, ma sœur qui revenait
des USA et plusieurs autres. C'est aussi à cette époque que j'ai fait la rencontre
de ma femme Alvine. C'était l'époque du centre Paul-Sauvé et des groupes rock
qui étaient mes vedettes et qui trente ans plus tard font encore danser nos petits-enfants.
1969…
1969 fut l'année la plus active pour moi; en mai je réunis mes amis et parents
à Saint-Ours dans la maison familiale pour faire promesse de mariage. Je me fiance
à celle que j'aime le plus au monde. Je m'engage à épouser Alvine Poirier, celle
avec qui je partage mes joies, mes peines et mes souvenirs.
Comme je n'aime pas que les choses traînent, cinq mois plus tard, le 20 septembre,
c'est en l'église de Sainte-Bernadette que notre mariage fut béni.
Cinq mois plus tard nous arrivait notre premier enfant, Sylvain. Ce fut la joie
de notre couple d'avoir mené à terme une grossesse tant attendue. Nous étions
maintenant une vraie famille.
Sylvain fut aimé, choyé et gâté par la famille. Il était le premier petit-enfant
et le premier descendant de la lignée de mon père Henri Allard. Et la famille
continue de grandir, novembre 1974, Alvine donnait naissance à un autre garçon.
On le nommera Martin, il sera le bonheur de notre couple.
Alvine fut pour les garçons une mère comme il en existe peu. C'était toute sa
vie et sa fierté. Il n'y avait rien de plus important que le bien-être de ses
enfants. Je ne peux pas en dire autant de moi, j'ai souvent été absent ou choisit
d'être au travail; mais je savais que leur mère était près d'eux, qu'ils étaient
aimés et qu'ils nous aimaient.
Ils ont grandi dans l'amour, la joie et le sport. Nous croyons leur avoir transmis
de bonnes valeurs, comme nous en avons reçu nous-même. Notre preuve est vivante
aujourd'hui; nous formons une famille tricotée à brin serré. Il sont toujours
là près de nous à partager nos joies et nos peines.
Aujourd'hui, je regarde Sylvain et sa femme Claudia vivre avec leurs enfants et
je comprends qu'il a été aimé au point d'être capable d'aimer et de leur dire.
Ce que nous lui avons transmis est encore vivant en lui.
Il en est de même pour Martin, l'amour que nous lui avons donné se reflète dans
sa vie actuelle par sa détermination, son courage, son cheminement de la vie et
sa joie de vivre. Nous avons les meilleurs enfants et petits-enfants au monde.
Vie paisible
Les enfants sont maintenant installés et heureux. Il nous reste maintenant à nous
installer confortablement, à gâter nos petites-filles Emmy et Frédérique, à se
laisser inviter de temps en temps par les enfants, à prendre un petit repos, à
pratiquer ensemble nos sports favoris et à se préparer pour une retraite paisible
ensemble.
Nous pouvons nous permettre de ralentir et profiter du bon temps dans une petite
auberge un week-end de temps en temps. J'aime voir Alvine se reposer, elle qui
n'a jamais arrêté et qui commence seulement à apprendre à relaxer.
À mes descendants...
Ils font partie de ceux qui feront vivre pour encore des générations le nom des
Allard, de la branche de Henri.
Ils me feront revivre encore plusieurs années dans leur histoire et dans leur
cœur et je souhaite qu'un jour quelqu'un prendra une plume pour poursuivre cette
histoire.
Moi, Léo à Henri, à Joseph, à Évarist, à Louis-Bonaventure, à Louis-Abraham, à
Pierre-Jacques, à Jacques-Pierre, à Pierre Allard, je vous souhaite autant de
paix d'esprit et d'amour de la vie que j'en connais moi-même mais sans avoir à
passer par la maladie.
Mes pensées vous accompagnent et souvenez-vous que le bonheur se trouve dans les
petits événements de la vie.